L’interview de
Franck-Olivier
Fondateur des
« Jardins suspendus »
Espace de jardins partagés sur le la terrasse Pompidou à Vincennes.
Peux tu te décrire en quelques phrases ou un mot ?
Jeune papa, écolo et cycliste militant.
Quel est ton parcours professionnel ?
J’ai fait une grande partie de mon parcours professionnel dans la presse, pendant 20 ans. J’ai quitté le groupe « Le Monde » où je m’occupais des ventes à l’international en 2015 pour me consacrer notamment au projet associatif « Les jardins suspendus » que j’ai lancé. J’ai par la suite décidé de réorienter ma carrière professionnelle vers la location et la vente de vélos pour les professionnels.
Comment l’idée de créer « Les jardins suspendus » est-elle venue ?
J’habitais à Vincennes depuis 2010 et j’ai participé à des réunions publiques avec la mairie à qui j’avais proposé de mettre en place des stations de compostage. Le maire de l’époque « Laurent Lafont » m’avait dit d’en parler avec Odile Séguret, son adjointe au développement durable. Elle était moyennement enchantée par le projet sans donner un non définitif. Je suis retourné la voir quelques semaines plus tard avec une autre idée car j’avais découvert la terrasse Pompidou un dimanche matin, jonchée de déchets.
Je lui ai proposé alors de faire de cette terrasse un espace de jardins partagés, idée qu’elle a validé immédiatement.
Avec les jardins suspendus, l’idée était de faire un projet associatif bien sûr, mais aussi participatif et de créer du lien social entre les Vincennois.
Finalement des bacs de compost ont trouvé leur place aux « Jardins suspendus »: le compostage était-il déjà une démarche personnelle ?
Quand j’ai commencé les Jardins, composter était déjà bien installé chez moi, ça doit faire 25 ans que je composte et je ne conçois jamais de jeter des déchets végétaux dans la poubelle afin qu’ils soient incinérés. Quand nous partons en vacances, on met nos déchets verts dans un sac et on va les jeter dans un endroit où nous savons qu’ils se décomposeront Jeter des déchets verts à la poubelle me paraît effarant. C’est un peu comme ne pas trier son verre alors que c’est devenu un geste basique pour (presque) tout le monde. L’idée des jardins était de montrer par l’exemple ce qu’il était possible de faire dans une démarche circulaire ou de Permaculture (les déchets végétaux compostés permettent de recréer de la terre qui permettra de nouveau de produire des fruits et légumes).
Ce que sont les jardins aujourd’hui, correspond il a ce que tu avais imaginé ?
Oui complètement, c’est resté conforme à l’idée que j’avais à la base.
Quand j’ai proposé le projet à la mairie, ils ont souhaité que ce soit complètement ouvert, sans délimitation de parcelle. Je leur ai dit que ce projet ne fonctionnerait pas. Par contre si la mairie était d’accord pour faire des parcelles suffisamment grandes pour accueillir 2 familles, pour qu’elles puissent cultiver ensemble c’était bon pour moi. Finalement, on s’est mis d’accord pour tester comme ce format, et cela fonctionne très bien.
Etais-tu accompagné pour mettre en place le projet ?
J’ai commencé avec deux copains qui n’étaient pas de Vincennes pour monter l’association. Ils ont été remplacés par des adhérents et ne font plus partie de l’asso.
L’objectif premier de ce projet était qu’il y ait un maximum de gens impliqués pour que le jour où je quitte Les Jardins, le projet puisse continuer à vivre sans moi. De mon point de vue, c’est une grande réussite car l’association n’a plus besoin de moi pour continuer. Une quinzaine de membres actifs et très impliqués fait tourner l’association.
Justement, as-tu d’autres projets en ce moment ?
Pour le moment non, car nous avons fait le choix de partir pour La Rochelle afin d’y trouver une qualité de vie correspondant à nos attentes que l’on ne trouvait plus à Vincennes. Mais Valentine, ma compagne m’a dit très justement dit que j’allais trouver un nouveau projet associatif là-bas. Je ne suis pas vraiment en recherche active puisque mon boulot me prend aussi beaucoup (trop) de temps. Mais je suis à peu près certain de m’investir dans des associations locales, c’est ce qui donne du sens à ma vie. Ça aura sans doute un rapport à la mer, aux déchets et aux mobilités actives qui y sont déjà bien développées.
Un conseil pour une personne qui aurait envie de se lancer dans un projet du type « Les jardins suspendus » mais qui aurait quelques réticences ?
Il ne faut pas avoir peur de se lancer ! Avec un peu d’énergie et de volonté on peut déplacer des montagnes.
Prendre contact avec les élus ! Vincennes qui est une ville assez conservatrice n’était sans doute pas la ville la plus facile à convaincre donc si nous l’avons fait ici, c’est possible ailleurs.
S’entourer si on a peur d’y aller tout seul (c’était mon cas).
Accepter le fait que ce type de projet peut prendre un peu de temps et d’énergie.
Ce projet m’a apporté beaucoup d’énergie positive et le fait de m’investir pour la collectivité, beaucoup de bonheur.
Cette aventure humaine m’a transformé donc rien que pour cette raison, c’est un apport personnel énorme.
Je quitte Vincennes et « Les jardins suspendus » sans regrets, je n’ai pas pour habitude de regarder en arrière et de regretter le passé, ce n’est pas dans mon tempérament.
Et je suis très heureux de partir vers de nouveaux horizons, ce changement de vie est plein de promesses, je suis certain que nos filles seront très heureuses à la Rochelle.
Et j’ai déjà pris contact avec certains élus locaux…
" Les Jardins Suspendus"
142 rue de Fontenay
94300 Vincennes